WEELS AND WAVES COFFRET 3 LIVRES
Francois Darmigny, grand photographe portraitiste contemporain, a photographié l'univers le la moto de 2017 à 2019. Il s'est infiltré dans la vie des motards à Biarritz. De ce travail de trois ans il édite 3 livres de photographies réunis dans un coffret édité à 300 exemplaires.
Format : 25,5 cm large sur 33,3 cm de haut
Poids : 4,5 kg
119,00 €
Référence:
FD202005001
WHEELS AND WAVES Biarritz par Francois Darmigny
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Un rêve de gosse
par François DarmignyLe vélo Peugeot gris avec son damier noir et blanc sur le cadre : il me le fallait. Oui, celui avec lequel Nanard a gagné le tour de France en 1975 devant le Terminator du Ventoux, l’Ogre flamand, le Cannibale des échappées, le monstrueux Eddy Merckx. Été 1975 : j’ai treize ans et, au mépris du droit du travail des mineurs, je suis commis aux Terrasses, le restau ouvert dans l’aile droite du château de Versailles. Le patron s’appelle Monsieur Morel. Je commence à six heures et finis à quinze heures.Avec un seul but : m’acheter le même vélo que Bernard Thévenet. Neuf si possible À l’époque, je vis à Fontenay-le-Fleury, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Paris et à sept kilomètres de Versailles. Pour bouger, pas d’autre choix que le deux- roues. Tout fier avec les mille francs de mon job d’été en poche, je pousse la porte vitrée du magasin de cycles Peugeot de Saint-Cyr- l’École. Avec ces mille francs, je me paye un morceau de la légende du Tour.Au passage, avant de sortir au bras de mon vélo à damier, je louche sur les 102 et les 103, les mythiques mobs de la firme sochalienne. J’enfourche ma bécane et pédale libre comme l’air jusqu’à Fontenay. Mais, juré craché, je reviendrai. Été 1976. Pendant que Thévenet, fauché par un virus, sombre dans le classement du Tour, je rempile aux Terrasses tout l’été. Objectif : me payer une 103, la reine des mobs. Plus haut à Saint-Cyr, un autre magasin vend des Malaguti, mais je reste fidèle à Peugeot, comme promis. À peine rentré, parce qu’elle ne va pas assez vite, je la démonte. Je lime le piston, je change les segments et, pour optimiser l’allumage, les bougies ; j’améliore la propulsion avec un pot d’échappement libre, passant de 49,9cm3 à 75cm3, j'allège la machine en virant tout ce qui n’est pas indispensable. Je n’ai pas appris ça à l’école, mais dans la rue et avec les grands du club 2CV Cross de la MJC de Saint-Cyr.Là, j’apprends la mécanique et la photo. À 12 ans, armé de mon Kodak automatique, je sais développer mes pellicules et tirer mes photos. À 14 ans, j’emprunte à Joscelin le Yashica 6x6 de la MJC et je pars le week- end avec le club pour photographier les courses. Jusqu’à mes 17 ans, je vais aider Jean-Jacques, Jacky et Denis à préparer les six ou sept 2CV Cross de la MJC et réaliser mes premiers reportages photo. Côte à côte, comme une évidence.La Wheels & Waves trouve un fort écho en moi. Ici viennent des grands enfants qui restaurent, transforment et personnalisent leur machine pour donner corps et âme à la moto qu’ils ont rêvée. Parfois, ils partent d’une épave qu’ils métamorphosent en reine de beauté mécanique. Sept ans que ça dure. Un événement libre, sans aucune autre contrainte que le partage d’une passion. Ici, sur la côte des Basques est née le phénomène de la moto néo-rétro. Les marques en panne d’imagination ont fini par se coller à l’événement dont la contagion touche l’Argentine, le Japon, l’Australie, la Californie. Je photographie la Wheels & Waves depuis quatre ans. C’est un rêve de gosse. Je n’ai jamais vendu mon vélo de course gris à damier noir et blanc. Il attend, souvenir tranquille, dans le garage de mes parents.